Le champagne est avant tout un vin...
Pour l’amateur de vins, la dégustation d’un champagne va paraître légèrement différente de celle d’un vin tranquille car les bulles viennent perturber nos protocoles habituels.
Il n’est donc pas anormal d’avoir un temps d’adaptation, d’avoir un peu de mal à savoir comment aborder la dégustation du champagne en tant que vin.
Voici quelques petits conseils pratiques pour apprécier le champagne en tant que vin.
Tout d’abord, il faut prendre des champagnes dignes de ce nom. Les champagnes de grande consommation que l'on trouve en supermarché ont pour vertu essentielle de pétiller. Ils ne sont pas vraiment fait pour sentir quelque chose : ils apportent de la convivialité ou même une note d’élégance à un apéritif mais ils ne peuvent tenir le rôle d’un vin. Les champagnes de vignerons seront en revanche bien plus intéressants pour l’amateur.
Ensuite, il faut bien avouer que les conditions de dégustation du champagne ne sont pas toujours favorables : à l'apéritif, on se retrouve, tout le monde discute, on ne fait attention à rien, on mange des petites cochonneries qui envahissent la bouche de sensations contradictoires... Les verres employés ne sont pas toujours bien adaptés à une bonne dégustation (flutes droites ou évasées) et trop remplis. L'idéal pour apprécier le champagne en tant que vin reste le champagne à table. Le champagne est un grand vin de gastronomie, et pas uniquement de grande gastronomie : un verre de champagne sur un monacal blanc de poulet va créer un vrai moment de plaisir hédoniste!
Sur la dégustation proprement dite, la différence par rapport un vin tranquille, c'est qu'il y a des bulles… et les bulles ça change tout : au début, on perd tous ses repères habituels. Les bulles ont cette fâcheuse tendance à s’imposer par la force, à vouloir occuper tout l’espace. C’est encore plus vrai dans les crémants où l’effervescence est souvent beaucoup trop forte et plus grossière. Dans les champagnes, elle est généralement beaucoup mieux maîtrisée.
Règle de base : Il ne faut pas se laisser aveugler par l’effervescence et profiter de ses avantages.
Le nez :
Il faut bien attendre que la première effervescence soit passée.
Si on met le nez trop rapidement dans son verre, on comprend vite le problème.
Ensuite, sachant que les bulles effectuent un brassage naturel du vin, il
y a moins besoin de faire tourner le vin dans le verre. Il a moins besoin
de mettre son nez *dans* le verre, on reste un peu dessus et, surtout au
début, il faut y aller par petites touches : si on reste trop longtemps,
le gaz reprend le dessus de nos perceptions.
On peut faire tourner le vin dans son verre mais, de la même façon, il faut attendre un peu pour que le gros de l’effervescence nouvellement générée soit retombée avant d’aller profiter des véritables arômes.
La bouche :
Toujours à cause des bulles, il est primordial de ne prendre qu’une
petite quantité et il ne faut pas trop jouer avec le vin dans les
premières secondes. Il ne faut pas faire entrer autant d'air qu'avec
les vins tranquilles (car sinon on peut se retrouver avec la bouche comme
une pastèque).
Après quelques secondes, on peut travailler le vin, mais gentiment. Les arômes ressortent bien en général en bouche, je trouve qu'ils ressortent souvent mieux que dans les vins tranquilles (les bulles sont de formidables exhausteurs de goût) mais les familles d'arômes sont plus proches entre elles, les nuances sont plus délicates. Par exemple, pour les fruits rouges (que l’on trouve souvent dans les champagnes à base de pinot noir), il ne faut pas attendre les mêmes fruits rouges que dans un gamay ou un merlot par exemple, du moins pas ce côté parfois obstructif (on sent *surtout* les fruits rouges) ; non, d’une part ce sont plutôt des petits fruits rouges et, d’autre part, ils sont beaucoup plus mêlés avec les autres arômes que dans un vin rouge classique.
On trouve de nombreux arômes dans les champagnes : les fruits secs (noisette, amande), les agrumes et les fruits blancs, les fruits jaunes voire exotiques, les notes florales (fleurs blanches plutôt délicates) et tout ce qui est du domaine du brioché, pain grillé et les notes beurrées. Il y en a beaucoup d’autres, surtout dans les champagnes de plus de 10 ans. Mais tous ces arômes sont fondus entre eux... c'est cela qui fait l'harmonie des bons champagnes.
Pour le reste, un champagne s'analyse comme un vin tranquille : structure / équilibre / matière. La structure repose en grande partie sur l’acidité : elle doit être bien intégrée et ne pas dominer. L’effervescence participe aussi à la structure. On peut faire attention à l’élégance de cette structure et aussi observer le dessin en bouche : certains champagnes sont plutôt verticaux, d'autres sont plutôt horizontaux, d'autres ronds, etc... Equilibre et matière s’analysent comme pour tous les autres vins.
Il reste le problème du dosage, cette "liqueur d'expédition" éventuellement ajoutée après dégorgement (en savoir plus sur le dosage). Le dosage est parfois perceptible en bouche : on a l'impression de sucre ajouté, on le sent comme un corps étranger, un élément rajouté, une sorte de maquillage superflu. Dans un champagne réussi, on ne doit pas sentir le dosage : un champagne parfaitement dosé est un champagne dont on ne parvient pas à deviner le niveau du dosage. Les « champagnes de supermarché » ont un dosage très important.
La perception du dosage dépend aussi des conditions de dégustation, de l'accord avec le plat et, en plus, du dégustateur lui-même. Dans les vieux champagnes, c'est très rare de le sentir car il a eu de toutes façons largement le temps de se fondre.
Ensuite, il faut pratiquer… essayer des champagnes différents et surtout les déguster à table. Le champagne a l’avantage d’aller sur de nombreux plats : tous les produits de la mer, les viandes blanches, les volailles, les fromages. Il est souvent le seul à sortir honorablement de situations difficiles. Il n’y a que le sucre qui le gêne : donc pas de champagne sur les plats sucrés-salés et bien entendu pas de champagne au dessert (c’est du massacre… sauf si vous prenez un champagne demi-sec).
Autres conseils (qui sont valables pour tous les vins mais tout particulièrement
pour les champagnes) :
- ne pas boire le champagne trop froid, cela tue les arômes
- utiliser des verres exempts d’odeurs et d'une forme reserrée
vers le haut
- ne remplissez pas trop les verres
- prendre le temps de déguster
Et aussi :
- le champagne se conserve très bien rebouché avec un bouchon
spécial champagne (à condition toutefois que le niveau soit
supérieur au 1/3 de la bouteille), 24 et même 48 heures et
plus.
- le champagne vieillit très bien, même les B.S.A (bruts sans
année) quand ils sont bien faits.
Château Loisel: Le Petit Guide Loisel des Vins Pour bien apprécier le champagne, faites attention à ce que vous dégustez et ne buvez pas comme un canard... L'abus d'alcool est dangereux. Mention sur les copyrights - Création du site : Studio Amarante - Pour en savoir plus sur Studio Amarante... |