Avertissement: Les commentaires ci-dessous
ne sont basés que sur quelques centilitres dégustés.
Ils traduisent les sentiments du moment. J'aimerais déguster plus
sereinement, à table, les vins que j'ai moins appréciés
pour me faire un jugement plus fondé.
De plus, toutes les bouteilles ayant été apportées
par les participants, j'espère que ceux-ci voudront bien me pardonner
d'expédier parfois en quelques mots la bouteille qu'ils ont pu apporter.
Cela fait partie des limites de ce genre d'exercice, du moins en ce qui
me concerne...
A votre avis, que peuvent faire
une trentaine de iacchosiens(*) dans un gîte rural à
Chanzeaux, à la veille du salon des vins des Loire ?... Ils
dégustent... |
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Le ton est donné
dès l'apéritif: l'Alsace ouvre les hostilités
en mettant la barre assez haut avec un ERIC
ROMINGER RIESLING SCHWARZBERG 2000: Nez assez atypique. Belle
bouche bien équilibrée; Sucre résiduel. Un beau
vin. Quand on sait qu'un tel vin est à moins de 10 euros, on
réalise que l'Alsace démarre gentiment, et qu'elle en
a encore sous le pied... |
Les plats de poissons fumés commencent à circuler et la Loire entend occuper tout de suite le terrain avec un MUSCADET DOMAINE DE L'ECU 1999 (Guy Bossard): Nez faible, assez fluet en bouche et court. Pas très expressif. |
L'Alsace exploite tout de suite cette faiblesse et, décidant de passer à la vitesse supérieure, fait circuler un ALBERT MANN RIESLING SCHLOSSBERG 1991. Le nez est très très expressif, très pétrolé, le floral a presque du mal à se frayer un chemin. La bouche est superbe, parfaitement équilibrée. La finale est bien dessinée. C'est beau. (Maurice Barthelmé, du domaine, me dit qu'il y a des rieslings bien plus pétrolés que cela... personnellement, je ne pense pas que j'aimerais "plus pétrolé".) |
Le coup est dur, la barre est haute, mais la Loire sait répliquer avec le "surprenant": un vin au nez très fruité, qui sent la banane, la pêche avec des notes de vanille. Tout le monde sèche, réduit aux supputations hasardeuses (Beaujolais blanc?...). C'est un COUR-CHEVERNY de PHILIPPE LOQUINEAU, cépage romorantin. La bouche est toutefois un peu décevante, frêle, qui tombe tout de suite et la finale est courte. |
L'Alsace comprend toutefois le sens de l'attaque et le vin qui suit est identifié par tous comme un riesling. Un joli nez marqué par les agrumes, j'ai aussi noté "notes pétrolées" (serait-ce mon subconscient, ou le schlossberg qui continuait à agir...?); Et Paf...! Non ce n'est pas un riesling, c'est un SYLVANER CLOS SAINT LANDELIN (René Muré) CUVEE OSCAR 1998, qui laisse tout le monde sur les fesses. C'est un sylvaner assez incroyable (qui à mon avis laisse loin derrière celui d'Ostertag qui a pourtant un sacré caractère), il peut passer pour un riesling sans problème. Le message est clair "Faites-en autant avec le gros-plant et vous reviendrez causer..." |
Profitant que l'adversaire est à terre, l'Alsace enfonce le clou avec un ALBERT MANN RIESLING SCHLOSSBERG 1993. Le nez est sur la pomme verte avec des notes pétrolées. La bouche a une belle forme, développant des notes citronnées. Un beau vin. Maurice Bertholmé n'a pas reconnu son vin à l'aveugle "C'est très bon mais je ne reconnais pas le sol" disait-il (nous, on est content quand on reconnaît le cépage, lui, il cherche à reconnaître les sols!). |
La Loire, ayant besoin de temps pour se reprendre, certains outsiders tentent de s'immiscer dans le combat: un CHATEAUNEUF-DU-PAPE 2000 DOMAINE ST BENOIT ne présente toutefois qu'un nez assez léger, une bouche plutôt mince avec une finale un poil supérieure. "Difficile à déguster à ce stade" dit-on. |
Ensuite, c'est au tour de la Bourgogne, avec un POUILLY-FUISSE 1999 CHATEAU DES RONTETS "PIERREFOLLE": Un fort joli nez sur les fruits blancs, très fin en bouche. Il manque peut-être un peu d'ampleur, mais c'est un beau vin, ma foi... |
Le sud entend marquer sa présence avec un COTEAUX DU LANGUEDOC MAS DE MORTIES 1998 (50% roussane 50% viognier). Le liquide est épais, le nez est proche d'un liquoreux, un nez de pâte de fruits avec un poil de gentiane ("herbes macérées" diront certains). La bouche est originale, assez forte. Vous allez dire que je ne suis jamais content... mais, à mon avis, il sera difficile à marier avec un plat. Un vin de dégustation. |
L'Alsace, désireuse de mettre un terme à ces minauderies, sort de sa manche un ERIC ROMINGER RIESLING SAERING 1999: Un nez aromatique, pêche, abricot, une bouche assez ample et une belle finale. Un beau vin bien agréable, avec un léger sucre résiduel. |
Et sans attendre, on enchaîne avec un ALBERT MANN TOKAY-PINOT GRIS HENGST 95: Un nez sur les fruits exotiques, des notes de cire. Une belle bouche ample, 15 gr de sucres résiduels. C'est assez agréable mais quelque chose me gênait sur la finale que je trouvais plus moyenne. |
La Loire revient en scène, en tirant une de ses plus belles cartouches: un VOUVRAY 94 de FOREAU (CLOS NAUDIN) demi-sec. Un beau nez, la bouche montre une grande pureté, c'est très droit, un beau dessin de bouche sur une trame acide puissante. C'est très long, c'est magnifique et cela donne envie d'en reboire. |
Difficile de passer après, et l'Alsace l'a bien compris puisqu'elle laisse circuler un MONTLOUIS 1998 DOMAINE DE LA TAILLE AUX LOUPS cuvée Rémus (Jacky Blot): le nez est expressif, pomme verte, banane, la bouche est aromatique, "Tape-à-l'oeil" ai-je cru bon de noter, "un peu de réduit" entends-je par ailleurs, un peu déséquilibré. Nul doute qu'il ait souffert de passer après le Foreau. |
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C'est le moment que choisit le SAVENNIERES DOMAINE DES BAUMARDS CLOS DU PAPILLON 1996 pour se montrer. Un nez un peu rancio, paille humide, aubépine, acacia, un bel équilibre en bouche, assez pur, un bel équilibre (je me répète, c'est la fatigue... je n'ai même pas noté si j'ai aimé ou pas... désolé!) |
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L'Alsace semblant manquer de cartouches, le Rhône tente une percée avec COTES-DU-RHONE TARDIEU LAURENT 1999. Hélas, le nez est fruité, fruits blancs, banane (ça me parait un peu bizarre ces bananes qui reviennent sans arrêt), mais la bouche est fortement boisée, le vin tombe en bouche. Trop lourd en bouche. |
La Loire, sur son terrain, met un terme aux hostilités avec un JASNIERES DOMAINE DE BELLIVIERE 1997 LES ROSIERS (Eric Nicolas). Un nez étonnamment mûr, une bouche assez pure et ample, c'est dense et serré avec une belle longueur. Un bien beau vin, mais il faudra faire attention au mariage avec un plat, car c'est dense. |
Sans que l'on ait le temps de compter les cadavres pour savoir qui a gagné, un premier rouge circule déjà: le nez n'est pas très agréable, marqué par l'alcool, la bouche n'est pas très belle et l'acidité semble bien mal maîtrisée. C'est un vin fait par l'ASSOCIATION MEMOIRE DE LA VIGNE avec le cépage CLINTON dans l'Ardèche. C'est pas bon du tout mais à mon avis, c'est sévère de passer un vin comme cela à l'aveugle car il se fait assassiner... Derrière passe un FIEFS VENDEENS (pas noté plus que cela...) avec un nez aux notes terreuses que je n'aime pas trop et une bouche que je n'aime pas trop. Le FLEURIE 2000 d'YVON METRAS, qui suit, est léger de robe, et présente un nez modéré et une bouche bien typée gamay. Tout en le trouvant meilleur que le précédent, je n'aime pas trop (me semble vraiment très léger) mais il plaît à quelques personnes présentes. |
Sur le vin suivant, je n'ai noté que "Pas bon, très alcooleux". J'espère ne pas vexer celui qui a apporté ce CARDINAL ZIN 1998 de BONNY DOON. Je le remercie toutefois car c'est la première fois que je goûtais un zinfandel. |
Le SANTENAY 1996 de CONTET-GRANGE ST JEAN DE NAROSSE ne m'a pas plus convaincu: je n'ai pas aimé ce nez rustique, assez animal et je n'ai pas trouvé la bouche plus agréable. JPH nous a dit l'avoir bien mieux goûté que cela, donc peut-être était-ce un problème de bouteille. |
A ce stade, on pensait avoir goûté
pas mal de choses originales et variées... C'est alors qu'arriva
le spécial, le curieux, le bizarre... Dès les premières
effluves, tout le monde s'est écrié dans un noble et
fier élan patriotique "Ça, ce n'est pas français!" |
Comment se remettre d'un tel choc culturel ? |
J'avoue avoir craint quelque dommage irréversible à mes petites papilles, car je n'ai pas du tout aimé non plus ce COTES DE PROVENCE CHATEAU DE ROQUEFORT 2000 LES MURES, un vin dont j'avais beaucoup apprécié le 1998. |
Un nez animal, un peu fumé pour le CHATEAU KEFRAYA 1988 (LIBAN). En bouche, les tanins sont bien présents. Sans être vraiment emballé, c'est le rouge qui m'a semblé le meilleur de cette éprouvante série qui s'est achevée avec un COTEAUX DU LANGUEDOC DOMAINE DE L'AIGUELIERE 1997 COTE DOREE que j'ai trouvé bien peu agréable. |
L'Alsace reprit les choses en main en nous offrant
le couple parfait: |
La Loire répliqua aussitôt avec un BONNEZEAUX CHATEAU DE FESLES 1998: Un beau nez assez pur, une bouche grasse, le sucre est présent. Il souffre terriblement de passer après le Furstentum: il paraît bien commun. |
Beaucoup plus joli, ce COTEAUX DU LAYON CHATEAU DES ROCHETTES 1997 CUVEE FOLIE SELECTION DE GRAINS NOBLES. Beau nez sur les fruits exotiques et une belle bouche confite. Très belle finale, longue et douce. |
La soirée se termina avec trois VDN: |
On enchaîne avec le RIVESALTES 1998 de DUPERE-BARRERA, puissant en bouche, avec sa belle et longue finale et un superbe TOUR DU BON 2000 D'OÙ? d'Agnès Henry, ce vin qui n'en est pas un puisqu'il est muté à l'alcool vinique; C'est donc un "produit issu de raisins et de Marc de Provence". Une bouche chocolatée, bien équilibrée. C'est très bon... |
Remi Loisel (publié sur la liste Iacchos 02/2002)
(*) Iacchosien = Membre de la liste de discussion Iacchos.